Les gorges de Taroko
Après notre déception sur la côte nord, nous pensons ne pas nous tromper en partant à la découverte des gorges de Taroko. La tribu Ami, native de Taïwan, les a nommées ainsi puisque pour eux « Taroko » signifie « beau ». Et il faut avouer qu’ils ne se sont pas trompés.
Situées à quelques 150 km de taipei sur la côte est, elles jouxtent la ville d’Hualien. Comme les transports sont particulièrement bien gérés à Taiwan, nous prenons le train et 2h30 plus tard nous voilà dans cette ville de 110 000 habitants, pas forcément très peuplée mais très étendue. Coincée entre mer et montagne, elle n’est pas désagréable, sans être foncièrement séduisante.
Plusieurs choix s’offrent à nous pour aller découvrir les gorges, classée parmi les 7 merveilles d’Asie (nous ne savons pas bien ce que ça signifie mais a priori ça doit être à voir!) Il nous semble que le scooter peut être une bonne option car il n’est pas cher et il nous laisse libre de nous arrêter quand nous le voulons (contrairement au bus comme on l’a vu au nord). Ni une ni deux, nous voilà sur notre bolide. Un petit tour de la ville by night pour commencer, malheureusement vite arrêté par une pluie battante qui nous fait craindre pour notre journée du lendemain. Retour au homestay avec un MacDo entre les jambes (la nourriture taiwanaise ne parvient toujours pas à nous séduire), ce bon vieux Ronald nous aura sauvé encore une fois!
Dès le lendemain, c’est sous un ciel plus clément que nous partons à la découverte des gorges. Leur entrée est quand même à une trentaine de kilomètres de Hualien. Il nous faudra une cinquantaine de minutes pour l’atteindre sur une route pas forcément agréable. Deux taïwanais très gentils et en scooter également se font d’ailleurs un plaisir de nous guider jusqu’au point d’entrée.
Une fois entrée dans les gorges, il nous suffira de quelques kilomètres pour découvrir leur splendeur. Faites de marbres purs, elles sont les plus profondes du monde et de fait les plus spectaculaires. Si on craignait une circulation trop intense, il n’en est rien grâce à cette habitude qu’on les asiatiques de voyager en groupe et surtout en bus. Si cela peut être très ennuyant aux abords des sites à visiter, c’est une aubaine environnementale. 50 personnes en bus, c’est aussi 25 voitures en moins sur les routes !
Nous sillonnant ainsi les gorges le long de la route transinsulaire qui traverse Taiwan d’est en ouest. C’est d’ailleurs grâce à cette route que l’on peut visiter les gorges. En effet avant 1960 et le percement de la route, il était impossible d’accéder aux gorges. De fait, elles sont particulièrement préservées et on y trouve des espèces aussi mythiques que l’ours noir ou le chat léopard.
Nous parcourons les 20km de cette magnifique route en nous arrêtant aux points d’intérêts. Et ils sont nombreux. Notre premier stop, au mausolée du printemps éternel, est admirable. Ce temple est accroché à la montagne, comme suspendu, ses couleurs venant souligner le gris de la roche comme le vert des conifères. Alex partira sur un chemin de randonnée escarpé afin d’atteindre le sommet d’une colline voisine qui offre de superbes panoramas sur la région.
Nous nous arrêtons ensuite dans la grotte des hirondelles. Est-ce vraiment les oiseaux qui ont créé ces cavités à flanc de montagne? Rien n’est moins sûr. Ce n’en est pas moins étourdissant. Les gorges à cet endroit sont si profondes que le soleil n’y pénètre qu’à midi, quand il est au zénith. Nous entamons quelques ballades, jamais très dures ni très longues, ms toujours plaisantes garce aux vues spectaculaires sur la rivière et les rocs. Notre regret cependant : une très belle randonnée de plusieurs heures au sein des gorges semble possible mais elle nécessite un guide et un permis. Nous ne le savions pas et passons certainement à côté de quelque chose de grandiose. Tant pis.
Nous pique-niquons en nous réjouissant de notre pause matinale au 7/11 qui nous a permis de nous ravitailler en sandwichs et autres saletés gustatives d’occidentaux. Mais la vue des plats commandés par les taïwanais dans les gargotes de bord de route continue à nous donner des haut-le-cœur.
Après une journée merveilleuse dans les gorges, nous rentrons à Hualien juste avant le début de la pluie. Comme on dit : « fatigués mais heureux après une bonne journée… » Cette excursion n’était cependant que le début de nos aventures !
En effet, après une bonne douche et pour fêter cette belle journée, nous décidons d’aller boire un verre. Malheureusement les pubs et autres bars ne courent pas les rues à Taïwan et encore moins à Hualien. Notre homestay et la chambre que nous occupons n’étant pas désagréables, on se rabat sur une petite bouteille de vin chilien dans un liquor shop et rentrons prendre l’apéro à l’hôtel.
Après cette bonne bouteille, la faim se faisant sentir, nous nous apprêtons à sortir dîner. C’est là, qu’au moment de nous lever, quelque chose semble trembler. Est-ce nos sens qui s’emballent? Avons-nous tant bu que le sol se dérobe sous nos pieds? Pourquoi ne tenons-nous pas debout?
La réaction d’alex est presque immédiate. Il s’écrit « tremblement de terre, viens sous le lit. Vite. » En deux secondes, nous voilà réfugiés sous notre lit sentant tout le bâtiment trembler sous nos ventres. Ces 30 secondes nous ont semblé une éternité. Quelque chose en vous se passe, mélange de frayeur et d’adrénaline, avec cet espoir que ça s’arrête très vite et en même temps cette idée que ce n’est pas possible. Nous savions que Taïwan était sur une faille. Une île hautement sismique, sujette à des tremblements de terre très fréquents, mais nous ne pensions pas le vivre nous-même !
Pendant ces quelques secondes nous avons sentis que plus personne dans la maison ne bougeait, figés, en attente. Les pots de fleurs et la déco tombaient, les lustres de balançaient, pendant que tout le monde attendait. Nous sommes sortis après la fin du séisme. Assez penauds et sans bien savoir ce qui nous était arrivés. La sœur de la propriétaire a ouvert sa porte. Elle dormait et visiblement ce ne fut pas le meilleur des réveils. Elle ne semblait pas effrayée et nous a répondu que nous pouvions sortir sans risque mais elle nous a suggéré d’éviter de longer les murs…
En rentrant de notre dîner, la propriétaire s’enquiert de nous. Elle sait que les européens ne sont pas très habitués à ce genre d’événements. Elle nous apprend que ce genre de séismes arrive environ 1 fois par mois. Si certains sont sans gravité, comme celui que nous avons vécu, celui de 1999 a fait plus de 1000 victimes.
Le lendemain et après avoir ressenti plusieurs secousses légères dans la nuit, nous apprendrons que nous étions dans la ville la plus proche de l’épicentre et que le séisme fut estimé à 6,6 sur l’échelle de Richter. Comble de cette expérience, nous apprenons également que la route des gorges a été coupée suite à ce tremblement de terre, à une journée près, nous loupions ces gorges !!!
Nous vous le disons, que d’émotions dans les gorges de Taroko !
Quelle aventure !! J ai tremblé avec vous… Bisous